Journal de l'économie

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La fin du télétravail est-elle annoncée ?





Le 18 Octobre 2023, par Matthieu Petit

Depuis le mois de juin dernier, nous pouvons lire dans la presse ou sur les réseaux que les GAFA font marche arrière sur le télétravail. Les annonces de recrutement de nombreuses grandes firmes américaines dont Facebook et Google diminueraient de façon drastique les nombres de jours de télétravail voire les supprimeraient… Sans oublier Elon Musk et ses messages lapidaires anti-télétravail. En cause, un manque de productivité lié au travail à domicile (qui ne représente qu’une part du télétravail) ! La France pourrait-elle être confrontée à ce nouveau phénomène ?


Matthieu Petit
Matthieu Petit

Aux États-Unis, rien ne va plus…

Elon Musk a mis le feu aux poudres lors de son rachat de Twitter. L’une de ses premières mesures, avec la suppression de la moitié des emplois, a été de décréter la fin du télétravail pour ceux qui continuaient à faire partie des effectifs. Pour ce dernier, « le télétravail est une connerie qui pose un problème moral et est cause de baisse de productivité. ». Tout est dit…

Cette prise de position s’est propagée rapidement à d’autres grands acteurs économiques du continent américain. Au même moment, Microsoft initiait un sondage sur un échantillon de 20 000 personnes dans des entreprises disséminées dans 11 pays pour y voir plus clair. Les résultats sont étonnants : 87 % des participants à l’enquête disent être plus productifs en télétravail tandis que 88 % des dirigeants émettent des doutes quant à ce que leurs employés en télétravail puissent être plus productifs que dans un bureau. Cet écart dans les réponses nous interroge…

Ces remarques peuvent paraître excessives, mais il ne faut pas les négliger à un moment où elles commencent à avoir un écho dans les médias français. Aux États-Unis, nombre de salariés sont en télétravail à 100 %. C’est leur absence totale des lieux de travail qui est remise en cause. Les entreprises américaines concernées souhaitent faire revenir les salariés au bureau un nombre minimum de jours par semaine : deux jours chez Walmart, trois chez Amazon ou Starbucks, quatre chez Disney et… cinq chez JP Morgan.

Comparons ce qui est comparable !

En France, d’après l’INSEE, seuls 22 % des salariés (en 2021) étaient en télétravail au moins une fois par semaine. En 2022, le nombre moyen de jours de télétravail s’élevait à 3,6 pour ceux qui le pratiquaient contre 1,6 en 2019. Une étude plus récente (pour IFO et ECONPOL Europe) estime que les Français pratiquent le télétravail en moyenne 0,6 jour par semaine contre 0,9 dans le reste des pays industrialisés (1,5 au Royaume-Uni ou 1,7 au Canada). Toutes ces études le montrent : le télétravail est moins répandu en France que dans les pays Anglo-saxons par exemple.

Reste que le travail hybride connait un franc succès ! La SNCF ou la RATP le constatent : les transports en commun connaissent un pic de fréquentation le mardi alors que le vendredi est plus calme que jamais. Même si, là encore, cela ne concerne pas tous les salariés.
Certains salariés souhaitent un retour au bureau, car ils se sentent isolés au-delà de deux jours par semaine de télétravail. La plupart d’entre eux se verraient difficilement revenir en arrière. Une étude réalisée dans 25 pays par l’OCDE auprès de dirigeants et salariés d’entreprises estime que le télétravail peut avoir des effets positifs sur la productivité s’il n’excède pas deux jours par semaine.

Nous ne pouvons ignorer les avantages du télétravail pour les entreprises comme  pour les salariés. Certaines sociétés françaises ont profité du télétravail pour réduire leurs coûts. Le développement du flex office a permis d’une part de réduire de moitié le nombre de places de bureaux et d’ainsi faire des économies sur la taille des locaux. Le changement en profondeur des organisations et du management pour s’adapter à ce nouveau modèle de travail ont aussi été conséquents. La mise en place de démarche de Qualité de Vie et Conditions de Travail a été effectuée par certaines entreprises. Les salariés associés à la mise en place du flex office ont pu ainsi s’approprier tout à la fois de nouveaux locaux et de nouveaux modes de management. Il n’est donc pas certain que les entreprises françaises soient aussi pressées que les Américaines de revenir sur cet acquis.

Le débat est ouvert et passionné entre partisans et détracteurs du télétravail ! Nous pouvons affirmer sans peine qu’il n’existe pas de formule unique. C’est la construction collective d’une organisation du travail qui remportera la meilleure adhésion de la part des salariés et sera donc, par voie de conséquence, bénéfique pour les entreprises.


 

Matthieu Petit est Fondateur et dirigeant d’EOSE un cabinet de conseil en qualité de vie au travail



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